Le 11 mars 2004 à l'Académie
Nationale de Médecine (ANM), dans le cadre de la journée
scientifique consacrée aux "RISQUES ALIMENTAIRES d'ORIGINE
CHIMIQUE" organisée par le Groupe de Concertation
entre Académies des Sciences de la Vie et de la Santé,
un ancien du CHU de Fort-de-France a posé une question
concernant la situation sanitaire aux Antilles et plus particulièrement
en Martinique.
Question
posée au Pr. Maurice TUBIANA (ancien Pt de l'ANM) à
la suite de son exposé : Contaminants alimentaires
chimiques et cancers.
" Je viens de passer 18 mois aux Antilles, région de
France remarquable à plus d'un titre, mais où les
exceptions épidémiologiques pullulent :
. obésité ;
. HTA ;
. diabète ;
. maladies psychiatriques ;
. etc.
Pourtant la Martinique
est peut-être le département français où
il y a le plus grand nombre de centenaires, autant qu'au Japon (Mémoire
Gériatrie du Dr Jean-Pierre MARTIN). Il n'est pas certain
que les jeunes actuels vivent aussi longtemps.
Il existe un registre du
cancer en Martinique depuis 1983, créé par le Pr.
AZALOUX et la situation et l'évolution locale ne sont pas
vraiment les mêmes qu'en métropole (1).
Il y a relativement peu
de cancers du poumons par rapport à la métropole :
l'antillais fume peu. L'incidence globale était très
inférieure à celle de la métropole. La situation
change rapidement.
Ainsi l'incidence standardisée
des cancers de la prostate a doublé entre les périodes
1981-1990 et 1991-1995. Et sur cette dernière période,
elle était déjà le double de l'incidence métropolitaine.
A pratiquement doublé
également, le cancer du colon. Les cancers de l'ovaire, du
sein, les lymphomes, semblent également progresser plus que
les autres. Tous ces cancers sont susceptibles d'être modulés
(et/ou induits) par des substances chimiques (steroid-like, disrupteurs
hormonaux, etc.).
Or les Antilles, tout comme
la Guyane voisine, sont des départements sinistrés
sur le plan environnemental :
pesticides
. quantités déversées à l'hectare
bien supérieures à celles de la métropole
. utilisation continue de pesticides interdits depuis de nombreuses
années tel que le chloredecone (cancérigène
animal certain, foetotoxique, baisse de fertilité), dont
un stock de plusieurs centaines de kilogrammes (~900) prêt
à l'emploi a encore été retrouvé récemment
(août 2002) dans une bananeraie martiniquaise ;
. épandage aérien ;
. forte rémanence des organochlorés dans les sols
qui sont profondément pollués ;
. passage important dans l'eau du réseau, puisque le traitement
spécifique (charbon actif) dans les stations de traitement
des eaux est (pratiquement) nul en Martinique et qu'il commence
tout juste en Guadeloupe. Des taux pouvant atteindre 100 fois
la norme pour un pesticide donné ont été
enregistrés (Laboratoire Départemental d'Hygiène
Fort-de-France).
aluminium dépassant
couramment les normes OMS de 200 µg/L dans l'eau du réseau,
jusqu'à 1 mg/L. Des taux atteignant 3 mg/L ont même
été détectés. (D.S.D.S. Fort-de-France)
métaux lourds
&
hydrocarbures en quantité
dans la baie de Fort-de-France
etc. (2)
Nous sommes bien d'accord que rien de tout ceci ne prouve quoi que
ce soit.
Cependant...
La Martinique est un département
français où il existe une équipe d'épidémiologistes
de très grande qualité. Peut-être serait-il
temps de cesser de mener quasi-exclusivement des études épidémiologiques
descriptives et de faire enfin des études épidémiologiques
d'intervention et d'envergure ? La mise à niveau immédiate
de toutes les stations d'épuration et de traitement des eaux
pourrait être un premier objectif dont le bras de levier sanitaire
est potentiellement considérable. L'étude d'impact
serait facilité par le caractère d'isolat de cette
île, avec extension rapide des acquis locaux vers les autres
DOM-TOM (Guadeloupe, Réunion, Tahiti, etc.) où la
situation est comparable à bien des égards.
---
Autre question par le même intervenant posée précédemment
au Pr. Maurice RABACHE (CNAM, Paris) à la suite de son exposé
: Hydrocarbures aromatiques(conséquences alimentaires
des marées noires).
" Des effets synergiques
avec amplification quasi-catalytique des toxicités peuvent
survenir entre plusieurs classes de contaminants. Par exemple :
métaux plus ou moins lourds et molécules organiques
telles que pesticides, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (additifs
alimentaire ? plastiques ? antibiotiques ? etc.). Ainsi des anglais
ont proposé que certains organophosphorés utilisés
pour prévenir la maladie du varon (warble fly) pouvaient
avoir une responsabilité dans l'Encéphalopathie Spongiforme
Bovine en favorisant la substitution du cuivre par le manganèse
dans la protéine prion. http://www.mhr-viandes.com/fr/docu/docu/d0001889.htm
http://internat.martinique.free.fr/prion-biblio.htm
Qu'en pensez-vous ? Avez-vous
des exemples concernant les HAP ? Il pourrait aussi exister des
associations HAP-métaux ou métalloïdes favorisant
leur métabolisation sans risque.
Merci. "
Réponse du Pr. TUBIANA
envoyée par courrier électronique à l'auteur
de l'interpellation après que le texte précédent
lui eut été adressé. Il s'était excusé
de son audition un peu faible, n'avait pas bien compris la question
et n'avait donc pas pu y répondre.
« Cher Monsieur,
Je réponds brièvement à votre question.
La fréquence des cancers de la prostate et du colon, de l'ovaire
et du sein sont très fortement influencés par le régime
alimentaire (riches en graisses et en viandes), l'obésité,
l'insuffisance d'exercice physique. Il me semble que c'est dans
ce domaine qu'il faudrait rechercher en priorité.
Vous pouvez consulté les livres du CIRC de Lyon (Cancer
in the Five Continents) pour comparer la situation de la Martinique
à celle des Territoires ayant le même niveau de vie,
la même occidentalisation du régime alimentaire et
les mêmes caractéristiques ethniques (Sud des USA par
exemple).
Croyez je vous prie en mes sentiments dévoués.
Professeur Maurice Tubiana »
Si ce genre de "résumé" vous interpelle...
d'autres du même genre sont affichées ici,
ici
et encore ici voire même là-bas...
Il se trouve que l'auteur de cette
question a eu le Pr. Tubiana (radiobiologiste) comme enseignant,
quand il suivait la formation de Cancérologie Expérimentale du Pr.
Georges Mathé (biographie) à Villejuif.
Il a aussi suivi les enseignement du D.E.R.B.H. de Cancérologie
Expérimentale (option : virus oncogènes et tumeurs chimio-induites)
justement à Lyon (en particulier au CIRC) et à Marseille. Son impression
est que l'injonction du Pr Tubiana de regarder ailleurs
répond précisément à côté de la question. Le film (l'évolution récente
et accélérée) dans un contexte plus que pollué, empoisonnant
même, paraît plus signifiant que les nuances de la photographie
(alimentation, exercice, ethnicité...), nuances que l'on peut quasiment
appliquer à n'importe quelle pathologie sans faire un gros effort
intellectuel. Et pour les lymphomes, l'explication ne colle pas.
Le principe philosophique dit du rasoir d'Ockham doit s'appliquer
: il faut examiner d'abord et avec la plus grande rigueur l'explication
la plus économique, pas la plus commune, qui pourrait répondre
à la question posée.
Cette journée scientifique avait été organisée par le Pr.
Alain Rérat (ANM, AAF, AVF) à l'Académie Nationale de Médecine
(ANM) conjointement avec les Académies Nationale de Pharmacie
(ANP), Académie Nationale de Chirurgie Dentaire (ANCD), Académie
Vétérinaire de France (AVF) et Académie d'Agriculture de France
(AAF). Voici le compte-rendu
publié sur le site de l'AAF. Il s’agissait d’analyser
objectivement les sources potentielles de l’inquiétude etc.
Bref en 3 mots : restaurer la confiance [ou encore building
trust (back) selon le mot d'ordre du Forum Économique de
Davos en janvier 2003]. Conclusion, également en 3
mots : Tout va bien. Nil
nove sub sole. Mais le préambule citant Paracelse et la
conclusion se terminant par hormésis semblent plein de
sous-entendus accessibles aux seuls initiés. Je vous conseille plus
particulièrement d'explorer la signification de ce dernier mot peu
commun : hormésis... D'ailleurs un autre compte rendu
de cette même journée par le Pr André Rico utilise
également ce même mot, hormésis.
« Sola dosis fecit venenum » Paracelse (1493 - 1541)
Espoir de l'éternel printemps Seule la dose fait le venin.
Certes ! Mais cette dose varie d'un individu à l'autre selon son
âge, son patrimoine héréditaire, ses modes alimentaires, son
environnement, ses accidents de parcours, le moment de la journée,
etc.
Ce n'est pas la dose qui fait le poison dans le cœur des
hommes, c'est la confiance trahie. Quand la terre n'est plus la
terre, quand l'eau n'est plus l'eau, quand l'air n'est plus l'air,
quand la langue n'est plus la langue et que le sens des mots bascule
en permanence, comment savoir où l'on se situe ? Cette perte de
référentiel accéléré rend quasiment impossible la seule
connaissance préalable à toutes les autres, celle de soi, sauf à
vivre écartelé entre paranoïa et schizophrénie. Connais-toi
toi-même ! Gnothi seauton.
anecdote : la semaine dernière (fin novembre 2004)
nous étions un petit groupe de médecins praticiens (hospitaliers
surtout) en formation (communication en congrès) dans un bâtiment
récent (acier-verre-bois) d'une société pharmaceutique de taille
mondiale. Nous attendions l'ascenseur (hyper-vitesse,
hyper-silence). Un mot a jailli : "Brazil" suivi de
"Cube". Deux films qu'il faut avoir vu pour comprendre
notre état d'esprit. Pas certain que nous étions fiers du
diagnostic. Le pronostic est sombre. Et le traitement ? C'est quoi ?
Entre paranoïa et schizophrénie, le fil du funambule, dont
personne ne voit l'extrémité, ni l'horizon, que son regard fixe.
Voici quelques autres éléments pour
mieux apprécier les problèmes, qui ne sont pas spécifiques à la
Martinique :
Proposition
de résolution de 7 députés des Antilles
(juin 2004) tendant à la création d’une commission d’enquête
sur l’utilisation du chlordécone et des autres
pesticides dans l’agriculture martiniquaise
et guadeloupéenne et ses conséquences sur les sols,
la ressource en eau ainsi que les productions animales
et végétales en Martinique et en Guadeloupe. (pdf
96 Ko). Le 19 octobre dernier la Commission des Affaires
Économiques a voté contre la commission d'enquête
mais pour une mission d'information. Wait and see.
Question
du député Philippe Edmond-Mariette (circonscription du
Lamentin) à l'Assemblée Nationale (JO du 16/03/2004)
: La mutualité sociale agricole a annoncé le 11 février
la mise en place d'un numéro vert Phyt'attitude pour l'ensemble
des départements métropolitains dans le cadre de sa mission
de surveillance des incidents et accidents liés à l'utilisation
des produits phytosanitaires. Ce numéro vert n'est pas accessible
pour les résidents des départements d'outre-mer. M. Philippe
Edmond-Mariette souhaite attirer l'attention de M. le ministre
de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur
la nécessité d'étendre ce numéro vert à la Martinique afin
de permettre aux utilisateurs et victimes de produits phytosanitaires
de signaler leurs inquiétudes gratuitement et de manière anonyme.
Il tient à lui rappeler qu'il y a urgence pour ce faire en
raison de la récente découverte d'indices élevés de pesticides
organochlorés sur des poissons ainsi que la présence prouvée
par les services de l'État de chlordécone dans les sols en
Martinique due à l'extrême longévité du produit. Pas
de réponse du ministre (sur le site de l'A.N.).
Les
synergies de toxicité entre pesticides et d'autres toxiques
sont bien connues. Ainsi, l'innocuité apparemment démontrée
du chlordécone en-deçà d'un certain seuil de dose assimilé
se révèle parfaitement illusoire quand il est testé en présence
de quantités également supposées sans danger d'un toxique
d'une classe différente. Le tétrachlorure de carbone utilisé
dans l'étude
référencée ici n'est pas nécessairement une substance
couramment rencontrée dans l'environnement mais son mécanisme
d'interférence métabolique est suffisamment commun pour laisse
penser que le chlordécone intervient sur notre santé à des
doses beaucoup plus faibles qu'envisagées initialement (du
fait de la grande variété de xénobiotiques présents dans notre
environnement).
Les
disrupteurs hormonaux. Certains pesticides (organophosphorés,
dont le chlordécone), résidus plastiques (phtalates, bis-phenols)
et autres xénobiotiques (dioxine, ...) sous-produits de l'activité
industrieuse humaine ont des activités hormonales faibles
(oestrogen-lie en particulier), mais significatives sur la
faune (dont l'homme). Des anomalies commencent à se voir dans
l'espèce humaine et le Pr. Sultan (endocrinologie pédiatrique)
a fait des observations particulièrement inquiétantes sur
des nouveaux-nés et jeunes enfants des environs de Montpellier
: hypospadias, micropénis, pubertés très précoces (3mois !),
pseudo-hermaphrodisme, etc. Le Pr. Sultan rencontré en novembre
2003 lors d'un congrès d'endocrinologie à Paris devait d'ailleurs
venir en Martinique en janvier 2004 (préparation des
JTA 2005 entre autres). Endocrine disruption (une introduction en anglais)
Une
relation entre les pesticides et les pathologies nerveuses
et psychiatriques en croissance accélérée ? Les Antilles
ne sont pas épargnéess par des dernières dont
l'incidence globale est plusieurs fois supérieure à celle
de la métropole. Le rhum, l'alcool au sens large,
le crack, les drogues... ont peut-être le dos un peu trop
large pour tout expliquer : les pesticides, les hydrocarbures,
les autres polluants sans oublier l'aluminium (dont le lien
épidémiologique avec les démences est plus que suspecté) pourraient
bien avoir une part de responsabilité locale non négligeable,
pour peu qu'on se donne la peine de les envisager. Une étude
parue dans Public Health «résumée» ici et là : Pollutants
cause huge rise in brain diseases (pdf 39 Ko) Source:
The Observer, 15/08/2004 (lien
local) Une chimie qui monte à la tête (pdf 76 Ko) Source:
Libération, 16/08/2004. (lien
local) alors que la relation entre organophosphorés et troubles
psychiques est connue depuis plus de 40 ans : PSYCHIATRIC SEQUELÆ OF CHRONIC EXPOSURE TO ORGANOPHOSPHORUS
INSECTICIDES
(Séquelles psychiatriques d'exposition chronique aux
insecticides organophosphorés)
The Lancet Volume 277, Issue 7191, 24 June 1961,
Pages 1371-1374 S. Gershon M.B. Sydney, D.P.M., Senior lecturer in pharmacology
F. H. Shaw M.Sc. Melb., Ph.D. Lond., Professor of pharmacology
From the Department of Pharmacology, University of Melbourne,
United Kingdom
and the Department of Psychiatry, Prince Henry's Hospital,
Melbourne, Australia
Voici une revue récente : Psychiatric
aspects of chronic exposure to organophosphates : diagnosis
and management Advances in Psychiatric Treatment (2000) 6: 356-361 Robert Davies, Ghouse Ahmed and Tegwedd Freer (The Royal
College of Psychiatrists)
Il se trouve que j'ai dans mon entourage un jeune collègue
chirurgien, ne pouvant plus opérer depuis l'apparition d'une
maladie épileptique très invalidante, qui fait systématiquement
une crise 1/4 d'heure après la vaporisation d'un pesticide
contenant un pyrèthroïde de synthèse. Ce peut être une évidence
clinique assez parlante de la toxicité neuronale de ce type
de produit.
Y a-t-il une relation de cause à effet entre les conséquences
psychiatriques de certains pesticides, leur utilisation massive
et réellement peu contrôlée depuis la fin de la 2e guerre
mondiale et cette nouvelle récente parue dans le British Medical
Journal en juin 2004 : Bush plans to screen whole
US population for mental illness(pdf 83 Ko) ?
[L'administration] Bush envisage de dépister des pathologies
psychiatriques sur l'ensemble de la population américaine
en commençant par les plus jeunes. C'est l'APA (American Psychiatric
Association) qui soutien ce projet. L'outil utilisé : le TMAP
(Texas Medication Algorithm Project). Une des molécules mise
en avant (first line drug) : l'olanzapidine (Zyprexa® Eli-Lilly).
George Bush Sr a fait partie du conseil d'administration de
cette société et Sidney Taurel, son PDG actuel, est membre
du Homeland Security Council.
En France, il est à noter que les carnets de santé vont intégrer
une rubrique permettant de répertorier les troubles psychiques
de l'enfant.
Pesticides
dans les avions. Depuis quelques mois, la vaporisation
de pesticides au cours des vols de retour vers la métropole
a repris pour éviter le passage d'insectes éventuellement
porteurs de pathologies tropicales, selon les recommandations
de l'OMS. Ces vaporisations sont précédées d'annonces vantant
la parfaite innocuité des produits utilisés (perméthrine en
particulier). Malheureusement, les spécificités de ces produits
ne sont pas respectées et l'exposition humaine est bien supérieure
à ce qu'elle devrait être. Une discussion animée et argumentée
sur un forum de l'e-Toile est une assez bonne introduction
au problème : http://www.volcreole.com/forum/sujet-13542-0-asc-15.html
Les effets immunosuppresseurs (très allergisants) et génotoxiques
de ces pyréthroïdes sont parmi les plus gênants. Les enfants
exposés peuvent difficilement protester aujourd'hui. Demanderont-ils
des comptes plus tard à leurs parents trop naïfs ? D'autant
que la perméthrine utilisée a une forte rémanence
sur les supports - des mois - (elle sert d'ailleurs à imprégner
des moustiquaires) et la présence des passagers et du personnel
navigant n'est certainement pas obligatoire pendant la vaporisation.
En l'an 2000, la Communauté Européenne décidait de retirer
les
autorisations accordées aux produits phytopharmaceutiques
contenant cette substance active.
http://aida.ineris.fr/textes/decisions_communautaires/text6037.htm
Et chose singulière : «L'ensemble des auteurs des notifications ont informé la
Commission et l'État membre rapporteur du fait qu'ils ne souhaitaient
plus participer au programme de travail pour cette substance
active.»
En 2004, les avions sont aérosolisés avec la bénédiction de
l'OMS. Que comprendre ?
Quelques
références bibliographiques un peu
spécialisées (toutes avec résumé mais complètes pour la plupart - format pdf)
puisées dans les meilleures revues pour ceux qui veulent profiter de cette réflexion
pour commencer à se documenter :
Chronic
sequelae and irreversible injuries following acute pyrethroid
intoxication. Toxicology Letters (1999) 105:161-175.
Lipid peroxidative damage on pyrethroid exposure and alterations
in antioxidant status in rat erythrocytes: a possible involvement
of reactive oxygen species
Toxicology Letters (1999) 105:197–205
Lymphocyte DNA damage in rats exposed to pyrethroids : effect
of supplementation with Vitamins E and C Toxicology (2004) 203:17–26 Genotoxicity
of pesticides : a review of human biomonitoring studies Mutation Research (2003) 543:251–272
Approbation
de l'expérimentation humaine des pesticides sur des volontairesTesting
Pesticides on Humans Given Qualified Endorsement Science (2004)
303:272-3
(pdf 170 Ko). Voila ce qui arrive quand l'expérimentation
humaine perd la notion d'essai clinique avec bénéfice individuel
direct contre le concept de bénéfice/risque, qui poussé à
son extrême peut signifier bénéfice supposé pour la population
/ risque certain pour quelques individus bien ciblés (économiquement
faibles, déficients de tous ordres, privés de liberté, malades
en phase terminale), éventuellement dédommagés (...), dont
le consentement (ou celui de leurs ayant-droits) aura été
parfaitement éclairé, cela va sans dire. À ce propos, voir
la réforme de la loi dite Huriet-Sérusclat (décembre 1988)
sur l'expérimentation clinique qui a été discutée cette
année 2004 dans les 2 Assemblées pour mettre le droit français
en conformité avec la
Circulaire Européenne 2001/20/CE (fichier pdf 155
Ko). Ce qui apparaît le plus flagrant comme changement avec
l'abandon de la distinction entre essais « avec » ou « sans
» bénéfice individuel c'est la libéralisation extrême (à mon
avis) des conditions d'essais cliniques pour les mineurs et
les majeurs hors d'état d'exprimer leur consentement, en particulier
chez les enfants où l'accord d'un seul parent (sinon d'une
personne de confiance (???) !) suffira désormais...
Peut-on
considérer les passagers des vols aériens comme
des volontaires ayant exprimé un consentement éclairé ?
Au
cours des derniers Entretiens de Bichat, le jeudi 16 septembre à
la Faculté de Médecine Pitié-Salpétrière, une session
organisée par la SOFRAMAS (SOciété FRAnçaise de Médecine
Aéronautique et Spatiale) avait à l'ordre du jour la transmission des germes épidémiques par le
transport aérien. La question de la perméthrine a été
posée avec un exemple clinique de toxicité neurologique
observé par l'intervenant. La
réponse a été très jugulaire-jugulaire : recommandation
OMS, donc rien à craindre. Pourtant (par exemple)
:
Chronic
sequelae and irreversible injuries following acute pyrethroid
intoxication (résumé) Toxicology Letters (Shannon) (1999) 107: 161-175.
Mueller-Monhssen H
Lors de son Assemblée Générale
du 29 septembre à Montréal (hasard de
calendrier ?), l'ICAO-OACI (Organisation de l'Aviation civile
Internationale) a porté cette question à son ordre
du jour sous la forme d'un projet de résolution portant
sur la protection de la santé et des équipages des vols
internationaux :
« Il a été
constaté que les produits utilisés aujourd’hui pour la
désinsectisation des cabines des avions, dont les éléments
actifs principaux sont la perméthrine (un pyréthroïde) et
la phénothrine, ont des effets négatifs chroniques et aigus
sur la santé humaine. En conséquence, l’ITF, ses
organisations affiliées et les passagers s’inquiètent
depuis longtemps de l’utilisation contradictoire et
inappropriée de tels produits à bord des
avions. » Note ITF
ET
RECOMMANDÉ À L’ASSEMBLÉE POUR ADOPTION
Désinsectisation des cabines et des postes de pilotaged’aéronefs
effectuant des vols internationaux de passagers Considérant
(...) Considérant les
préoccupations exprimées sur le fait que la pratique
actuelle de certains États d’exiger
l’usage d’insecticides pour désinsectiser les aéronefs
peut créer des malaises et soulève la question
des risques possibles pour la santé des équipages et des
passagers ; Considérant que
des études récentes ont montré que des méthodes de
désinsectisation non chimiques
sont efficaces pour empêcher l’entrée de moustiques et
autres insectes volants dans les aéronefs, L’Assemblée, 1. Demande
au Conseil d’encourager
l’étude de solutions non chimiques pour la désinsectisation
des cabines et des postes de pilotage d’aéronefs ;
2. Demande au
Conseil de coopérer avec l’Organisation mondiale de la
santé dans l’évaluation des
méthodes non chimiques de désinsectisation d’aéronefs ;
3. Demande au
Conseil de lui rendre compte, à sa prochaine session
ordinaire, de la mise en œuvre de la présente résolution.
Au
total, il est particulièrement consternant de voir le faible
niveau de réflexion des responsables sensés nous gouverner.
Les pyréthroïdes, diminuant assez sensiblement les défenses
immunitaires, favorisent en fait la transmission des
épidémies. Les effets cognitifs potentiels sur l'équipage
(qui sont beaucoup plus souvent exposés que les passagers)
sont très préoccupants (reduced intellectual performance,
reduction of endurance during mental work, personality
disorder) pour la sécurité même des vols.Enfin,
l'utilisation en aérosol d'un pesticide agissant
particulièrement bien par contact (avec rémanence sur les
supports pouvant durer des mois) ne me paraît pas d'une
totale cohérence (à mon humble avis).
Conclusion
pratique : si vous envisagez de venir finir vos études
médicales aux Antilles ou pour vous y installer comme professionnel
de santé, renseignez-vous bien avant de partir sur les systèmes
de filtres domestiques susceptibles d'éliminer une bonne partie
des xénobiotiques (pesticides organochlorés surtout) et de
réduire significativement l'aluminium de l'eau du robinet.
Ce n'est peut-être pas très heureux d'alerter comme cela (voire
même irresponsable d'un point de vue politique...) mais
comme les quelques chefs de service du CHU de FdF (échantillon
non représentatif) auprès de qui je me suis inquiété de cet
aspect de la situation sanitaire en Martinique, m'ont affirmé
que, bien entendu, ils étaient équipés en filtres individuels,
il me semble équitable de vous tenir au courant. À bon entendeur...
Contre les éventuels effets délétères dûs à la vaporisation
des pesticides lors des vols transatlantiques, je ne sais
pas quel genre de mesures prophylactiques ils mettent en oeuvre.
Demandez-leur s'ils se shootent à l'hormésis ?
Quant aux équipages, le jour où ils porteront un masque
anti-gaz avec cartouche de charbon actif lors de la
vaporisation de la perméthrine, vous comprendrez qu'ils
prennent enfin en compte pour eux-mêmes le risque cognitif.
Et quand les passagers en feront tous autant, attention au
fou-rire, très inconfortable avec un tel masque.
http://internat.martinique.free.fr/question_academie_medecine.htm
création le 07 septembre 2004
dernière modification le
20 juin 2007