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Pesticides
Georges MATHÉ
Hormésis

 

Question à l'Académie de Médecine

Le 11 mars 2004 à l'Académie Nationale de Médecine (ANM), dans le cadre de la journée scientifique consacrée aux "RISQUES ALIMENTAIRES d'ORIGINE CHIMIQUE" organisée par le Groupe de Concertation entre Académies des Sciences de la Vie et de la Santé, un ancien du CHU de Fort-de-France a posé une question concernant la situation sanitaire aux Antilles et plus particulièrement en Martinique.

Question posée au Pr. Maurice TUBIANA (ancien Pt de l'ANM) à la suite de son exposé : Contaminants alimentaires chimiques et cancers.

" Je viens de passer 18 mois aux Antilles, région de France remarquable à plus d'un titre, mais où les exceptions épidémiologiques pullulent :
. obésité ;
. HTA ;
. diabète ;
. maladies psychiatriques ;
. etc.

Pourtant la Martinique est peut-être le département français où il y a le plus grand nombre de centenaires, autant qu'au Japon (Mémoire Gériatrie du Dr Jean-Pierre MARTIN). Il n'est pas certain que les jeunes actuels vivent aussi longtemps.

Il existe un registre du cancer en Martinique depuis 1983, créé par le Pr. AZALOUX et la situation et l'évolution locale ne sont pas vraiment les mêmes qu'en métropole (1).

Il y a relativement peu de cancers du poumons par rapport à la métropole : l'antillais fume peu. L'incidence globale était très inférieure à celle de la métropole. La situation change rapidement.

Ainsi l'incidence standardisée des cancers de la prostate a doublé entre les périodes 1981-1990 et 1991-1995. Et sur cette dernière période, elle était déjà le double de l'incidence métropolitaine.

A pratiquement doublé également, le cancer du colon. Les cancers de l'ovaire, du sein, les lymphomes, semblent également progresser plus que les autres. Tous ces cancers sont susceptibles d'être modulés (et/ou induits) par des substances chimiques (steroid-like, disrupteurs hormonaux, etc.).

Or les Antilles, tout comme la Guyane voisine, sont des départements sinistrés sur le plan environnemental :

  • pesticides
    . quantités déversées à l'hectare bien supérieures à celles de la métropole
    . utilisation continue de pesticides interdits depuis de nombreuses années tel que le chloredecone (cancérigène animal certain, foetotoxique, baisse de fertilité), dont un stock de plusieurs centaines de kilogrammes (~900) prêt à l'emploi a encore été retrouvé récemment (août 2002) dans une bananeraie martiniquaise ;
    . épandage aérien ;
    . forte rémanence des organochlorés dans les sols qui sont profondément pollués ;
    . passage important dans l'eau du réseau, puisque le traitement spécifique (charbon actif) dans les stations de traitement des eaux est (pratiquement) nul en Martinique et qu'il commence tout juste en Guadeloupe. Des taux pouvant atteindre 100 fois la norme pour un pesticide donné ont été enregistrés (Laboratoire Départemental d'Hygiène Fort-de-France).
  • aluminium dépassant couramment les normes OMS de 200 µg/L dans l'eau du réseau, jusqu'à 1 mg/L. Des taux atteignant 3 mg/L ont même été détectés. (D.S.D.S. Fort-de-France)
  • métaux lourds &
  • hydrocarbures en quantité dans la baie de Fort-de-France
  • etc. (2)


Nous sommes bien d'accord que rien de tout ceci ne prouve quoi que ce soit.

Cependant...

La Martinique est un département français où il existe une équipe d'épidémiologistes de très grande qualité. Peut-être serait-il temps de cesser de mener quasi-exclusivement des études épidémiologiques descriptives et de faire enfin des études épidémiologiques d'intervention et d'envergure ? La mise à niveau immédiate de toutes les stations d'épuration et de traitement des eaux pourrait être un premier objectif dont le bras de levier sanitaire est potentiellement considérable. L'étude d'impact serait facilité par le caractère d'isolat de cette île, avec extension rapide des acquis locaux vers les autres DOM-TOM (Guadeloupe, Réunion, Tahiti, etc.) où la situation est comparable à bien des égards.

Merci. "

(1) Association Martiniquaise pour la Recherche Épidémiologique du Cancer (AMREC)
http://www.biophysique-oncologie.com/pages/resultats.html

(2) http://www.environnement.gouv.fr/ifrecor/domtom/mapressf.htm & /domtom/matdmf.htm
http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier96-1.php
http://mapage.noos.fr/naturaliste/ps/premiere.htm

---
Autre question par le même intervenant posée précédemment au Pr. Maurice RABACHE (CNAM, Paris) à la suite de son exposé :
Hydrocarbures aromatiques(conséquences alimentaires des marées noires).

" Des effets synergiques avec amplification quasi-catalytique des toxicités peuvent survenir entre plusieurs classes de contaminants. Par exemple : métaux plus ou moins lourds et molécules organiques telles que pesticides, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (additifs alimentaire ? plastiques ? antibiotiques ? etc.). Ainsi des anglais ont proposé que certains organophosphorés utilisés pour prévenir la maladie du varon (warble fly) pouvaient avoir une responsabilité dans l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine en favorisant la substitution du cuivre par le manganèse dans la protéine prion.
http://www.mhr-viandes.com/fr/docu/docu/d0001889.htm
http://internat.martinique.free.fr/prion-biblio.htm

Qu'en pensez-vous ? Avez-vous des exemples concernant les HAP ? Il pourrait aussi exister des associations HAP-métaux ou métalloïdes favorisant leur métabolisation sans risque.

Merci. "

Réponse du Pr. TUBIANA envoyée par courrier électronique à l'auteur de l'interpellation après que le texte précédent lui eut été adressé. Il s'était excusé de son audition un peu faible, n'avait pas bien compris la question et n'avait donc pas pu y répondre. 

« Cher Monsieur,

Je réponds brièvement à votre question. La fréquence des cancers de la prostate et du colon, de l'ovaire et du sein sont très fortement influencés par le régime alimentaire (riches en graisses et en viandes), l'obésité, l'insuffisance d'exercice physique. Il me semble que c'est dans ce domaine qu'il faudrait rechercher en priorité.

Vous pouvez consulté les livres du CIRC de Lyon (Cancer in the Five Continents) pour comparer la situation de la Martinique à celle des Territoires ayant le même niveau de vie, la même occidentalisation du régime alimentaire et les mêmes caractéristiques ethniques (Sud des USA par exemple).

Croyez je vous prie en mes sentiments dévoués.

Professeur Maurice Tubiana »

 


Si ce genre de "résumé" vous interpelle...
d'autres du même genre sont affichées ici, ici et encore ici
voire même là-bas...

Il se trouve que l'auteur de cette question a eu le Pr. Tubiana (radiobiologiste) comme enseignant, quand il suivait la formation de Cancérologie Expérimentale du Pr. Georges Mathé (biographie) à Villejuif. Il a aussi suivi les enseignement du D.E.R.B.H. de Cancérologie Expérimentale (option : virus oncogènes et tumeurs chimio-induites) justement à Lyon (en particulier au CIRC) et à Marseille. Son impression est que l'injonction du Pr Tubiana de regarder ailleurs répond précisément à côté de la question. Le film (l'évolution récente et accélérée) dans un contexte plus que pollué,  empoisonnant même, paraît plus signifiant que les nuances de la photographie (alimentation, exercice, ethnicité...), nuances que l'on peut quasiment appliquer à n'importe quelle pathologie sans faire un gros effort intellectuel. Et pour les lymphomes, l'explication ne colle pas. Le principe philosophique dit du rasoir d'Ockham doit s'appliquer : il faut examiner d'abord et avec la plus grande rigueur l'explication la plus économique, pas la plus commune, qui pourrait répondre à la question posée.

Cette journée scientifique avait été organisée par le Pr. Alain Rérat (ANM, AAF, AVF) à l'Académie Nationale de Médecine (ANM) conjointement avec les Académies Nationale de Pharmacie (ANP), Académie Nationale de Chirurgie Dentaire (ANCD), Académie Vétérinaire de France (AVF) et Académie d'Agriculture de France (AAF). Voici le compte-rendu publié sur le site de l'AAF. Il s’agissait d’analyser objectivement les sources potentielles de l’inquiétude etc. Bref en 3 mots : restaurer la confiance [ou encore building trust (back) selon le mot d'ordre du Forum Économique de Davos en janvier 2003]. Conclusion, également en 3 mots : Tout va bien. Nil nove sub sole. Mais le préambule citant Paracelse et la conclusion se terminant par hormésis semblent plein de sous-entendus accessibles aux seuls initiés. Je vous conseille plus particulièrement d'explorer la signification de ce dernier mot peu commun : hormésis... D'ailleurs un autre compte rendu de cette même journée par le Pr André Rico utilise également ce même mot, hormésis.

« Sola dosis fecit venenum » Paracelse (1493 - 1541) Espoir de l'éternel printemps
Seule la dose fait le venin.

Certes ! Mais cette dose varie d'un individu à l'autre selon son âge, son patrimoine héréditaire, ses modes alimentaires, son environnement, ses accidents de parcours, le moment de la journée, etc.

Ce n'est pas la dose qui fait le poison dans le cœur des hommes, c'est la confiance trahie. Quand la terre n'est plus la terre, quand l'eau n'est plus l'eau, quand l'air n'est plus l'air, quand la langue n'est plus la langue et que le sens des mots bascule en permanence, comment savoir où l'on se situe ? Cette perte de référentiel accéléré rend quasiment impossible la seule connaissance préalable à toutes les autres, celle de soi, sauf à vivre écartelé entre paranoïa et schizophrénie. Connais-toi toi-même ! Gnothi seauton.

anecdote : la semaine dernière (fin novembre 2004) nous étions un petit groupe de médecins praticiens (hospitaliers surtout) en formation (communication en congrès) dans un bâtiment récent (acier-verre-bois) d'une société pharmaceutique de taille mondiale. Nous attendions l'ascenseur (hyper-vitesse, hyper-silence). Un mot a jailli : "Brazil" suivi de "Cube". Deux films qu'il faut avoir vu pour comprendre notre état d'esprit. Pas certain que nous étions fiers du diagnostic. Le pronostic est sombre. Et le traitement ? C'est quoi ?

Entre paranoïa et schizophrénie, le fil du funambule, dont personne ne voit l'extrémité, ni l'horizon, que son regard fixe.

Voici quelques autres éléments pour mieux apprécier les problèmes, qui ne sont pas spécifiques à la Martinique :

Proposition de résolution  de 7 députés des Antilles (juin 2004) tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides dans l’agriculture martiniquaise et guadeloupéenne et ses conséquences sur les sols, la ressource en eau ainsi que les productions animales et végétales en Martinique et en Guadeloupe.  (pdf 96 Ko). Le 19 octobre dernier la Commission des Affaires Économiques a voté contre la commission d'enquête mais pour une mission d'information. Wait and see.

 

Question du député Philippe Edmond-Mariette (circonscription du Lamentin) à l'Assemblée Nationale (JO du 16/03/2004) : La mutualité sociale agricole a annoncé le 11 février la mise en place d'un numéro vert Phyt'attitude pour l'ensemble des départements métropolitains dans le cadre de sa mission de surveillance des incidents et accidents liés à l'utilisation des produits phytosanitaires. Ce numéro vert n'est pas accessible pour les résidents des départements d'outre-mer. M. Philippe Edmond-Mariette souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur la nécessité d'étendre ce numéro vert à la Martinique afin de permettre aux utilisateurs et victimes de produits phytosanitaires de signaler leurs inquiétudes gratuitement et de manière anonyme. Il tient à lui rappeler qu'il y a urgence pour ce faire en raison de la récente découverte d'indices élevés de pesticides organochlorés sur des poissons ainsi que la présence prouvée par les services de l'État de chlordécone dans les sols en Martinique due à l'extrême longévité du produit. Pas de réponse du ministre (sur le site de l'A.N.).

Les synergies de toxicité entre pesticides et d'autres toxiques sont bien connues. Ainsi, l'innocuité apparemment démontrée du chlordécone en-deçà d'un certain seuil de dose assimilé se révèle parfaitement illusoire quand il est testé en présence de quantités également supposées sans danger d'un toxique d'une classe différente. Le tétrachlorure de carbone utilisé dans l'étude référencée ici n'est pas nécessairement une substance couramment rencontrée dans l'environnement mais son mécanisme d'interférence métabolique est suffisamment commun pour laisse penser que le chlordécone intervient sur notre santé à des doses beaucoup plus faibles qu'envisagées initialement (du fait de la grande variété de xénobiotiques présents dans notre environnement).

Les disrupteurs hormonaux. Certains pesticides (organophosphorés, dont le chlordécone), résidus plastiques (phtalates, bis-phenols) et autres xénobiotiques (dioxine, ...) sous-produits de l'activité industrieuse humaine ont des activités hormonales faibles (oestrogen-lie en particulier), mais significatives sur la faune (dont l'homme). Des anomalies commencent à se voir dans l'espèce humaine et le Pr. Sultan (endocrinologie pédiatrique) a fait des observations particulièrement inquiétantes sur des nouveaux-nés et jeunes enfants des environs de Montpellier : hypospadias, micropénis, pubertés très précoces (3mois !), pseudo-hermaphrodisme, etc. Le Pr. Sultan rencontré en novembre 2003 lors d'un congrès d'endocrinologie à Paris devait d'ailleurs venir en Martinique en janvier 2004 (préparation des JTA 2005 entre autres).
Endocrine disruption (une introduction en anglais)

La Martinique, la Guadeloupe, la Réunion se disputent le privilège d'être les dernières régions d'Europe [ultra-périphériques (...) il est vrai] à continuer à utiliser le paraquat

Les Antilles contre le paraquat. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le désigne comme " l’un des produits chimiques les plus dangereux au monde ". (lien externe)
Une protestation réitérée de la Suède en août 2004.
L'herbicide de tous les dangers (lien externe)
Le paraquat selon l'INRS (fichier pdf 180 Ko)

Une relation entre les pesticides et les pathologies nerveuses et psychiatriques en croissance accélérée ? Les Antilles ne sont pas épargnéess par des dernières dont l'incidence globale est plusieurs fois supérieure à celle de la métropole. Le rhum, l'alcool au sens large, le crack, les drogues... ont peut-être le dos un peu trop large pour tout expliquer : les pesticides, les hydrocarbures, les autres polluants sans oublier l'aluminium (dont le lien épidémiologique avec les démences est plus que suspecté) pourraient bien avoir une part de responsabilité locale non négligeable, pour peu qu'on se donne la peine de les envisager. Une étude parue dans Public Health «résumée» ici et là :
Pollutants cause huge rise in brain diseases (pdf 39 Ko) Source: The Observer, 15/08/2004 (lien local
Une chimie qui monte à la tête
(pdf 76 Ko) Source: Libération, 16/08/2004. (lien local)
alors que la relation entre organophosphorés et troubles psychiques est connue depuis plus de 40 ans :
PSYCHIATRIC SEQUELÆ OF CHRONIC EXPOSURE TO ORGANOPHOSPHORUS INSECTICIDES
(Séquelles psychiatriques d'exposition chronique aux insecticides organophosphorés)
The Lancet Volume 277, Issue 7191, 24 June 1961, Pages 1371-1374

S. Gershon M.B. Sydney, D.P.M., Senior lecturer in pharmacology
F. H. Shaw M.Sc. Melb., Ph.D. Lond., Professor of pharmacology
From the Department of Pharmacology, University of Melbourne, United Kingdom
and the Department of Psychiatry, Prince Henry's Hospital, Melbourne, Australia
Voici une revue récente :
Psychiatric aspects of chronic exposure to organophosphates : diagnosis and management
Advances in Psychiatric Treatment (2000) 6: 356-361
Robert Davies, Ghouse Ahmed and Tegwedd Freer (The Royal College of Psychiatrists)
Il se trouve que j'ai dans mon entourage un jeune collègue chirurgien, ne pouvant plus opérer depuis l'apparition d'une maladie épileptique très invalidante, qui fait systématiquement une crise 1/4 d'heure après la vaporisation d'un pesticide contenant un pyrèthroïde de synthèse. Ce peut être une évidence clinique assez parlante de la toxicité neuronale de ce type de produit.
Y a-t-il une relation de cause à effet entre les conséquences psychiatriques de certains pesticides, leur utilisation massive et réellement peu contrôlée depuis la fin de la 2e guerre mondiale et cette nouvelle récente parue dans le British Medical Journal en juin 2004 :
Bush plans to screen whole US population for mental illness (pdf 83 Ko) ?
[L'administration] Bush envisage de dépister des pathologies psychiatriques sur l'ensemble de la population américaine
en commençant par les plus jeunes. C'est l'APA (American Psychiatric Association) qui soutien ce projet. L'outil utilisé : le TMAP (Texas Medication Algorithm Project). Une des molécules mise en avant (first line drug) : l'olanzapidine (Zyprexa® Eli-Lilly). George Bush Sr a fait partie du conseil d'administration de cette société et Sidney Taurel, son PDG actuel, est membre du Homeland Security Council.
En France, il est à noter que les carnets de santé vont intégrer une rubrique permettant de répertorier les troubles psychiques de l'enfant.

Pesticides dans les avions. Depuis quelques mois, la vaporisation de pesticides au cours des vols de retour vers la métropole a repris pour éviter le passage d'insectes éventuellement porteurs de pathologies tropicales, selon les recommandations de l'OMS. Ces vaporisations sont précédées d'annonces vantant la parfaite innocuité des produits utilisés (perméthrine en particulier). Malheureusement, les spécificités de ces produits ne sont pas respectées et l'exposition humaine est bien supérieure à ce qu'elle devrait être. Une discussion animée et argumentée sur un forum de l'e-Toile est une assez bonne introduction au problème : http://www.volcreole.com/forum/sujet-13542-0-asc-15.html
Les effets immunosuppresseurs (très allergisants) et génotoxiques de ces pyréthroïdes sont parmi les plus gênants. Les enfants exposés peuvent difficilement protester aujourd'hui. Demanderont-ils des comptes plus tard à leurs parents trop naïfs ? D'autant que la perméthrine utilisée a une forte rémanence sur les supports - des mois - (elle sert d'ailleurs à imprégner des moustiquaires) et la présence des passagers et du personnel navigant n'est certainement pas obligatoire pendant la vaporisation.

En l'an 2000, la Communauté Européenne décidait de retirer
les autorisations accordées aux produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active.
http://aida.ineris.fr/textes/decisions_communautaires/text6037.htm
Et chose singulière : «L'ensemble des auteurs des notifications ont informé la Commission et l'État membre rapporteur du fait qu'ils ne souhaitaient plus participer au programme de travail pour cette substance active.»
En 2004, les avions sont aérosolisés avec la bénédiction de l'OMS. Que comprendre ?

Quelques références bibliographiques un peu spécialisées (toutes avec résumé mais complètes pour la plupart - format pdf)  puisées dans les meilleures revues pour ceux qui veulent profiter de cette réflexion pour commencer à se documenter :

Pesticides have been considered potential chemical mutagens. In fact, some studies showthat various agrochemical ingredients possess mutagenic properties inducing mutations, chromosomal alterations or DNA damage. Experimental evidence shows a marked correlation between mutagenicity and carcinogenicity and indicates that short-term mutagenicity tests are useful for predicting carcinogenicity. The present study on rat exposed to two pyrethroids, cypermethrin and permethrin, showed different lymphocyte DNA damage depending on the type of pyrethroid, the dose, and the period of treatment. Data obtained from comet assay showed that oral treatment with 150 mg/kg body weight/day of permethrin (corresponding to 1/10 of LD50) for 60 days, induced a significant increase in all comet parameters. Pesticides have been considered potential chemical mutagens: experimental data revealed that various agrochemical ingredients possess mutagenic properties inducing mutations, chromosomal alterations or DNA damage. Studies available in scientific literature have essentially focused on cytogenetic end-points to evaluate the potential genotoxicity of pesticides in occupationally exposed populations (...). A positive association between occupational exposure to complex pesticide mixtures and the presence of chromosomal aberrations (CA), sister-chromatid exchanges (SCE) and micronuclei (MN) has been detected in the majority of the studies. Commentaire : Pyrethroid pesticides are used preferably over organochlorines and organophosphates due to their high effectiveness, low toxicity to non-target organisms and easy biodegradibility. However, it is possible that during the pyrethroid metabolism, there is generation of reactive oxygen species (ROS) and pyrethroids may produce oxidative stress in intoxicated rats. The present study was therefore, undertaken to determine pyrethroid-induced lipid peroxidation (LPO) and to show whether pyrethroid intoxication alters the antioxidant system in erythrocytes. A single dose of cypermethrin and/or fenvalerate (0.001% LD50)...

Chronic sequelae and irreversible injuries following acute pyrethroid intoxication.
Toxicology Letters (1999) 105:161-175.
Lipid peroxidative damage on pyrethroid exposure and alterations in antioxidant status in rat erythrocytes: a possible involvement of reactive oxygen species

Toxicology Letters (1999) 105:197–205
Lymphocyte DNA damage in rats exposed to pyrethroids : effect of supplementation with Vitamins E and C
Toxicology (2004) 203:17–26
Genotoxicity of pesticides : a review of human biomonitoring studies
Mutation Research (2003) 543:251–272

Approbation de l'expérimentation humaine des pesticides sur des volontaires Testing Pesticides on Humans Given Qualified Endorsement Science (2004) 303:272-3 (pdf 170 Ko). Voila ce qui arrive quand l'expérimentation humaine perd la notion d'essai clinique avec bénéfice individuel direct contre le concept de bénéfice/risque, qui poussé à son extrême peut signifier bénéfice supposé pour la population / risque certain pour quelques individus bien ciblés (économiquement faibles, déficients de tous ordres, privés de liberté, malades en phase terminale), éventuellement dédommagés (...), dont le consentement (ou celui de leurs ayant-droits) aura été parfaitement éclairé, cela va sans dire. À ce propos, voir la réforme de la loi dite Huriet-Sérusclat (décembre 1988) sur l'expérimentation clinique  qui a été discutée cette année 2004 dans les 2 Assemblées pour mettre le droit français en conformité avec la Circulaire Européenne 2001/20/CE (fichier pdf 155 Ko). Ce qui apparaît le plus flagrant comme changement avec l'abandon de la distinction entre essais « avec » ou « sans » bénéfice individuel c'est la libéralisation extrême (à mon avis) des conditions d'essais cliniques pour les mineurs et les majeurs hors d'état d'exprimer leur consentement, en particulier chez les enfants où l'accord d'un seul parent (sinon d'une personne de confiance (???) !) suffira désormais...

Peut-on considérer les passagers des vols aériens comme des volontaires ayant exprimé un consentement éclairé ?

Au cours des derniers Entretiens de Bichat, le jeudi 16 septembre à la Faculté de Médecine Pitié-Salpétrière, une session organisée par la SOFRAMAS (SOciété FRAnçaise de Médecine Aéronautique et Spatiale) avait à l'ordre du jour la transmission des germes épidémiques par le transport aérien. La question de la perméthrine a été posée avec un exemple clinique de toxicité neurologique observé par l'intervenant. La réponse a été très jugulaire-jugulaire : recommandation OMS, donc rien à craindre.  Pourtant (par exemple) : 

Chronic sequelae and irreversible injuries following acute pyrethroid intoxication (résumé)
Toxicology Letters (Shannon) (1999) 107: 161-175.
Mueller-Monhssen H

Lors de son Assemblée Générale du 29 septembre à Montréal (hasard de calendrier ?), l'ICAO-OACI (Organisation de l'Aviation civile Internationale) a porté cette question à son ordre du  jour sous la forme d'un projet de résolution portant sur la protection de la santé et des équipages des vols internationaux :
« Il a été constaté que les produits utilisés aujourd’hui pour la désinsectisation des cabines des avions, dont les éléments actifs principaux sont la perméthrine (un pyréthroïde) et la phénothrine, ont des effets négatifs chroniques et aigus sur la santé humaine. En conséquence, l’ITF, ses organisations affiliées et les passagers s’inquiètent depuis longtemps de l’utilisation contradictoire et inappropriée de tels produits à bord des
avions. » Note ITF 

RÉSOLUTION 192 FORMULÉE PAR LE COMITÉ EXÉCUTIF ET RECOMMANDÉ À L’ASSEMBLÉE POUR ADOPTION
Désinsectisation des cabines et des postes de pilotage
d’aéronefs effectuant des vols internationaux de passagers
Considérant (...)
Considérant les préoccupations exprimées sur le fait que la pratique actuelle de certains États d’exiger l’usage d’insecticides pour désinsectiser les aéronefs peut créer des malaises et soulève la question des risques possibles pour la santé des équipages et des passagers ;
Considérant que des études récentes ont montré que des méthodes de désinsectisation non chimiques sont efficaces pour empêcher l’entrée de moustiques et autres insectes volants dans les aéronefs,
L’Assemblée,
1. Demande au Conseil d’encourager l’étude de solutions non chimiques pour la désinsectisation des cabines et des postes de pilotage d’aéronefs ;
2.
Demande au Conseil de coopérer avec l’Organisation mondiale de la santé dans l’évaluation des méthodes non chimiques de désinsectisation d’aéronefs ;
3.
Demande au Conseil de lui rendre compte, à sa prochaine session ordinaire, de la mise en œuvre de la présente résolution.

Au total, il est particulièrement consternant de voir le faible niveau de réflexion des responsables sensés nous gouverner. Les pyréthroïdes, diminuant assez sensiblement les défenses immunitaires, favorisent en fait la transmission des épidémies. Les effets cognitifs potentiels sur l'équipage (qui sont beaucoup plus souvent exposés que les passagers) sont très préoccupants (reduced intellectual performance, reduction of endurance during mental work, personality disorder) pour la sécurité même des vols. Enfin, l'utilisation en aérosol d'un pesticide agissant particulièrement bien par contact (avec rémanence sur les supports pouvant durer des mois) ne me paraît pas d'une totale cohérence (à mon humble avis). 

Conclusion pratique : si vous envisagez de venir finir vos études médicales aux Antilles ou pour vous y installer comme professionnel de santé, renseignez-vous bien avant de partir sur les systèmes de filtres domestiques susceptibles d'éliminer une bonne partie des xénobiotiques (pesticides organochlorés surtout) et de réduire significativement l'aluminium de l'eau du robinet. Ce n'est peut-être pas très heureux d'alerter comme cela (voire même irresponsable d'un point de vue politique...)  mais comme les quelques chefs de service du CHU de FdF (échantillon non représentatif) auprès de qui je me suis inquiété de cet aspect de la situation sanitaire en Martinique, m'ont affirmé que, bien entendu, ils étaient équipés en filtres individuels, il me semble équitable de vous tenir au courant. À bon entendeur... Contre les éventuels effets délétères dûs à la vaporisation des pesticides lors des vols transatlantiques, je ne sais pas quel genre de mesures prophylactiques ils mettent en oeuvre. Demandez-leur s'ils se shootent à l'hormésis ? Quant aux équipages, le jour où ils porteront un masque anti-gaz avec cartouche de charbon actif lors de la vaporisation de la perméthrine, vous comprendrez qu'ils prennent enfin en compte pour eux-mêmes le risque cognitif. Et quand les passagers en feront tous autant, attention au fou-rire, très inconfortable avec un tel masque.

 
 

http://internat.martinique.free.fr/question_academie_medecine.htm
création le 07 septembre 2004
dernière modification le 20 juin 2007

 

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http://pla.ce.bo.free.fr Le placebo dans les essais cliniques. Pour essayer d'y voir un peu plus clair.
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