Un texte récupéré sur une liste de diffusion de médecins
généralistes qui nous parle de réa sous un angle inhabituel.
Tue, 21 Dec 2004 16:57:16 +0100 (CET)
Mailing-List : list generalistes2002@yahoogroupes.fr
Delivered-To: mailing list generalistes2002@yahoogroupes.fr
Subject : Re: [generalistes2002] Et si on avait fait des conneries pour les jeunes à
venir ?
Selon "bphil.lopez" :
> ...je crois que tu donnes un grand air de réalité
> à un forum de délirants chroniques.
(...)
> comme quoi un généraliste peut prendre en charge des psys en ville....
Et beaucoup plus que l'on ne croit.
Coïncidence troublante et toute récente
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Dans le cadre de ma formation permanente à moi, je me suis choisi le CHU voisin comme référent enseignant et je vais, dès que je j'ai un moment, assister à la visite dans un service ou un autre.
Jeudi dernier 8h45 : réa med. STAFF
Transmission par le senior des évolutions, aggravations, décès, améliorations depuis la veille. Brillant. Jargonisant +++ Instructif +++ malgré tout
Et puis un cas pathétique.
Jeune fille 14 ans, greffée de moëlle, entrée en fin de matinée, décédée en fin d'après-midi avec un OAP qui a galopé sans que rien d'efficace ne puisse être réussi. Tristesse terrible. Le topo à peine terminé, la PH du service où elle était hospitalisée se présente. Répétition de la relation des évènements. Consternation générale et maximale. D'autant que personne n'a compris pourquoi il n'y a eu aucune réponse thérapeutique tangible. Une vérification anatomique avait été demandée, acceptée par le père compréhensif mais refusée très énergiquement par la mère.
Un peu plus tard dans la matinée, alors que je suis assis en train de lire à une table de la cafétaria, se pose en face de moi un café apporté par une femme au visage ravagé. Manifestement, elle a besoin de parler. Elle est psychologue et s'occupait depuis le mois d'août jusqu'à ce jour d'une jeune fille leucémique.
Les parents étaient séparés depuis pas mal d'années et la fille avait demandé à aller vivre avec son père depuis l'année précédente. Il y a un mois, une aggravation de l'état de santé avait déjà nécessité un passage en réa med. et depuis elle remontait la pente dans le service d'hémato. Lundi et mardi, elle était même très en forme et beaucoup de choses étaient passées entre la mère et la fille. Et puis...
« Ils lui ont fait beaucoup de mal. » Qui sont les "ils" ? Nous les médecins ou bien lui le père et ceux qui lui sont associés ? Je ne le saurai jamais. Mais rapportée par la psychologue, telle était bien la douleur de la mère.
Que faire ? Eh bien, sans m'en rendre compte vraiment au début, j'ai pris en charge la psy par une sorte de thérapie brève improvisée (non-éricksonnienne).
Et aussi curieux que cela puisse paraître, j'ai réussi à lui arracher un premier sourire un peu triste, puis un second, puis... Franchement, je crois que c'est une échange impossible à relater vraiment et dont je doute même d'être capable de le reproduire un jour. Au final le résultat était là : elle était rechargée, l'oeil presque clair, assez en tout cas pour accomplir son futur immédiat : soutenir une famille dans la douleur.
xx Gé
mal formé à la prise en charge des cas "psy" urgents (Professeur Doudou dixit)
Professeur Doudou sur Europe 1 le 20/12/2004 au matin : « Comme il n'y a pas suffisamment de lits d'hôpitaux psychiatriques, ben
parfois on ne peut pas les prendre. Si on ne les prend pas, ils arrivent aux urgences ou alors ILS SONT SUIVIS PAR DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES et là ils
restent en ville ET ILS PEUVENT DEVENIR DANGEREUX. »" Et sur France 2 le 19/12/2004 au soir : « ...Or ils (les centres médico-psychologiques ) sont fermés le week-end. Ce qui fait qu'un malade qui va un peu plus mal un samedi se retrouve devant une seule alternative : les urgences hospitalières ou alors
le MÉDECIN GÉNÉRALISTE QUI EST SOUVENT PAS TOUJOURS FORMÉ. »"
et aussi
« ...Aujourd'hui il y a BEAUCOUP (?) DE PSYCHIATRES, qui sont d'ailleurs TRÈS BIEN FORMÉS, et JE LEUR RENDS HOMMAGE, mais ils s'occupent beaucoup de malades en psychothérapie.
Résultat : un malade qui a besoin d'un psychiatre va souvent chez le généraliste ou aux
urgences. »"
En résumé Les psychiatres sont biens formés (ce qui n'est pas le cas de tout le monde...) mais ils font des missions gratifiantes
(psychothérapies) qui les empêchent de remplir leur fonction d'urgence le week-end (il faut bien qu'ils se reposent). Les généralistes qui sont là pour assurer
une partie des dites urgences (la permanence de soins) ne sont pas bien formés
eux et les malades de la tête (on croit compendre qu'ils s'agit d'eux) peuvent devenir dangereux puisqu'ils les laissent en liberté.
Mais puisque toutes les réa ne se terminent pas
mal (bien au contraire), que Professeur Doudou (qui n'est pas généraliste) ne
trouve pas tous les jours à jeter en pature à
l'opinion publique un bouc émissaire supposé sans défenses, et surtout parce qu'il ne faut jamais rester sur une note éplorée,
voici une autre vision qui incite à un plus d'optimisme, un peu rêvée quand
même (dédiée à l'amplificatrice im-modératrice de la liste de diffusion
du Plaisir des Dieux)
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